Death Note

L'histoire
Light Yagami (夜神 月, Light étant prononcé "Raito" en japonais, s'écrivant aussi avec le kanji pour "lune","Yagami" signifiant littéralement "Dieu de la Nuit" ), dix-sept ans, ramasse par hasard un carnet intitulé Death Note, objet qui provient du monde des dieux de la mort. En écrivant le nom d'une personne dans ce carnet, on provoque la mort de cette personne après avoir attendu 40 secondes. Light, qui trouve corrompu le monde dans lequel il vit, voit là une occasion unique de supprimer les êtres malfaisants. Or, le Death Note a été volontairement abandonné par Ryuk (リューク, ryūku en japonais,), un shinigami (dieu de la mort) qui s'ennuie. Il apparaît à Light, lui explique certaines fonctions du carnet et reste avec lui pour voir ce qu'il va en faire. Light décide alors de tuer tous les criminels dans le monde.

Seulement, à force de tuer des criminels, il en devient un lui-même. Devant de nombreuses morts inexpliquées de criminels à travers le monde, Interpol reçoit l'aide du mystérieux L, véritable « détective joker » capable de résoudre n'importe quelle énigme, mais dont personne ne connaît ni le visage ni la voix. Entre Light et L, tous deux persuadés d'agir pour la justice, s'engage un véritable combat, et une course poursuite pour l'identité de Kira (pseudonyme utilisé par Light Yagami), le tueur inconnu.

Death Note met en scène des personnages d'un grand réalisme et pourtant des plus originaux. Le scénario ne manque pas d'action, tout en étant très centré sur l'analyse réalisée par les héros. Entre oppositions de sentiments, les vifs retournements de situation et les surprises qui ne manquent pas, ce manga propose une histoire dans laquelle on se plonge facilement, et dans laquelle on finit noyé. Le choix de mélanger monde réel et éléments surnaturels donne à Death Note un relief immense, loin de nous écarter des questions sur la véritable identité de son ou sa scénariste.

Les auteurs
Tsugumi Ohba (scénariste) est très certainement un des pseudonymes de Hiroshi Gamou (né le 17 aout 1962). Il est l’auteur de Tottemo ! Luckyman (Shonen Jump, 1993-1997) une assez géniale parodie d’Ultraman dont l’adaptation en anime (1994-1995, Pierrot) est culte a Hong Kong. Un simple coup d’œil sur Internet permet très rapidement de se rendre compte du fossé entre les deux séries. Pour l’anecdote, lors d’interviews, le scénariste insiste lourdement sur sa collection de tasses à thé et sa capacité à écrire en position foetale (les genoux entre les bras) sur une chaise à toute heure du jour et de la nuit, un appel du pied à L (Death Note) plus qu’autre chose... Le pseudo qu’il a choisi est aussi un clin d’œil au nom de son complice Obata puisque Ohba peut être lu comme un grand espace ouvert et Obata un petit champ.

Takeshi Obata (dessinateur) est quand à lui un vieux briscard du manga, une pointure même s’il n’est plus que dessinateur (de talent !). Celui que Kentaro Yabuki (Black Cat) et Nobuhiro Watsuki (Rurouni Kenshin) appellent maître est un bon vivant fan de camping qui est surtout connu en occident pour son avant dernier manga : Hikaru no Go (1998-2003, avec Yumi Hotta, VF chez Tonkam). Si vous avez aimé celui là, tentez Arabian Majin Bokentan Lamp Lamp/Rampou (1992, avec Susumu Sendo, VF chez Manga Player, vraisemblablement trouvable d’occasion) et Karakurizoshi Ayatsuri Sakon/Sakon le ventriloque (1995-1996, avec Sharakumaro, l’anime made in TMS est toujours en vente chez Taifu). Obata est aussi le character designer de Yoshitsuneki, un beat-em-all assez correct de Banpresto (2005). Les curieux le connaissent comme l’auteur de Cyborg G-chan (1989, son premier manga sous le pseudonyme de Shigeru Hijikata). Pour plus d’infos sur les deux auteurs foncez sur la wikipedia japonaise, c’est plus que complet (ça sent le culte de la personnalité quand les pin-ups sont mentionnés).

Japlish et location seeking
Death Note est une expression en Japlish (on parle aussi d’Engrish pour désigner le franglais à la nipponne) qui veut (avec un peu de mal…) dire « The Death Notebook » (le calepin mortel, en français ça sonne moyen…). Comme nous ne sommes pas là pour juger de la qualité de l’anglais de Monsieur Ohba, on va passer directement à la case Location Seeking (l’activité qui consiste à chercher les lieux réels derrière les décors de manga). Comme de plus en plus souvent dans les manga modernes, la plupart des lieux où se déroulent les aventures de Light (Raito pour les puristes) sont réels. Ainsi le lycée, le poste de police et divers lieux où les personnages vont ou ne vont pas existent ! Petit exemple : Le Spaceland (chapitre 7 du manga/épisode 4 de l’anime) est une salle de concert californienne très connue (c’est à Los Angeles) qui est célèbre pour accueillir des artistes nippons (en plus de la crème du rock alternatif américain), pour les besoins du manga est devient le nouveau nom du parc d’attraction Yomiuri Land. Pour ceux qui se demandaient encore pourquoi Dany California des Red Hot Chili Peppers est la chanson du générique de fin du premier film, ça semble tout de suite moins arbitraire avec ces explications …


La philosophie
Beaucoup de thème ressortent dans Death Note : le fait de juger les autres, le sens de la justice etc. Cependant, il y a dans cette série une idée fondamentale qui opère immédiatement sur notre inconscient : comment expliquez-vous, en tant que lecteur, que vous vous identifiez à Light, un adolescent qui commet des crimes en toute tranquillité ? Oui, vous éprouvez de l’empathie pour un tueur, vous espérez qu’il va s’en sortir, qu’il va tuer… plus de gens ! Sacré prouesse scénaristique que de faire passer un meurtrier pour le héros de l’histoire… mais ce n’est pas tout. Ohba donne surtout une réponse surprenante à une des questions fondamentale de la philosophie : l’homme est-il naturellement bon… ou mauvais ? Si beaucoup de philosophes ou d’hommes religieux ont affirmé que l’homme avait été naturellement « bon » avant d’être perverti par le péché, le mal, il y a bien une autre théorie : et si l’homme était mauvais à la base ? Et si la peur de la répression (police, prison…) était la seule chose qui retient nos instincts maléfiques de meurtre ou de viol ? Mettez-vous à la place de Light : si vous pouviez tuer QUI vous voulez, sans craindre d’être pris, que feriez-vous ? Peut-être la même chose que notre héros… Car cela sous entend que nous ne sommes pas arrêtés par des barrières morales mais uniquement par la peur du jugement, et de la punition que pourrait avoir la société sur nos actes.

Nous avons bien là l’histoire d’un étudiant ordinaire, avec une famille normal, qui n’a rien d’un assassin… et qui va pourtant basculer : ça pourrait nous arriver à tous ! C’est sur ce point que Death Note est diaboliquement jouissif. Le manga matérialise nos plus bas instincts, montre ce que nous n’osons pas réaliser, mais que nous ferions peut-être si nous en avions le pouvoir et la certitude de ne pas être pris. C’est un principe totalement inverse aux histoires de super héros dans sa conclusion mais pas dans sa logique…

Mon avis personnel
Bien que publié en tant que shonen tel que: "Naruto", "One Piece",... On ne peut-être qu'étonné en voyant le style tant graphique que naratif de Death Note. Pour moi qui, comme je l'ai déja dit, aime les shonen mais aussi les seinen, Death Note a tout de suite su me plaire par son côté moins déroutant mais plus posé en comparaison avec la majorité shonen. Je conseille donc à tous les amis de shonen mais aussi de seinen de tenter l'expérience s'il ne l'ont pas déja fait.

Shikamaru

sources: "shoguncity.com", "wikipedia.com"